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La transition de la ménopause est souvent difficile à vivre , nous devons faire face à de nombreux symptômes qui peuvent nous gâcher la vie. La perte de la libido en est un, mais le manque de désir sexuel et d’intérêt « pour la chose  » n’est pas si rare, rassurez-vous !

Des études ont démontré que plus d’un tiers de femmes interrogées, constatent une perte de la libido à la ménopause, ce qui cause des problèmes dans leur couple.

En parler est un premier pas important.

C’est pourquoi, j’ai eu le plaisir d’interroger Virginie Quérard Clarenc, sexologue clinicienne et thérapeute de couple, sur ce sujet délicat.

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isabel kehr retrouver sa libido à la ménopause

Les fluctuations hormonales, responsables de la baisse de la libido à la ménopause

Les hormones dont nous parlons sont les hormones sexuelles, les œstrogènes, les progestérones et les androgènes. La production de ces hormones baisse progressivement, puis à la ménopause c’est l’arrêt complet de la production des ovocytes, il n’y a donc plus lieu de sécréter des hormones sexuelles. Et cela a des conséquences sur le désir.

Cela concerne 40 % des femmes ménopausées ! En règle générale, ce sont des femmes qui souffrent de nombreux symptômes.

À la préménopause, ce sont les montagnes russes émotionnelles plus ou moins difficiles à vivre. La libido peut s’en trouver boostée ou au contraire complètement freinée. 

Puis, au moment de la ménopause, les choses se stabilisent, on se sent plus confortables. Cependant, nous allons assister à d’autres modifications dues à l’absence totale de ces hormones sexuelles, et cela risque d’avoir une répercussion sur la libido. 

Les hormones agissent sur notre désir et plus précisément sur notre désir spontané. En effet, celui-ci n’est pas uniquement spontané, on parlera alors de désir construit, ce qui sera très intéressant à mettre en place au moment de la ménopause.

Désir construit versus désir spontané 

Le désir spontané est celui que l’on ressent autour de la période de notre ovulation, qui “nous tombe dessus” sans effort particulier, on ressent un désir corporel pour une activité sexuelle, qu’elle soit de l’auto-érotisme ou de la sexualité avec un compagnon ou une compagne.

Le désir construit, c’est celui où nous sommes décideur, c’est-à-dire que l’on ne ressent rien de particulier dans son corps, aucune pulsion sexuelle, mais où on a très envie d’un moment d’intimité avec son partenaire, parce qu’on sait que cela augmentera notre complicité. 

C’est au fur et à mesure des gestes pratiqués dans l’intimité que le désir se réveille. La sexualité est quelque chose qu’on peut apprendre, que l’on soit en préménopause ou ménopausée, il y a toujours à apprendre pour construire notre désir. 

Cette perte de libido à la ménopause n’est pas une fatalité.

Isabel Kher ménopause spécialiste

Il faut savoir que la baisse de la libido n’est pas seulement dû à la fluctuation de nos hormones sexuelles, elle est aussi très dépendante de la stabilité du couple, de la qualité de vie au travail, des liens sociaux et familiaux. Le syndrome du nid vide lorsque les enfants quittent la maison, est à prendre en compte également, cela peut vraiment atteindre certaines d’entre nous, et ainsi avoir un impact sur notre désir.

Cependant, il faut faire attention, car nous avons tendance à tout mettre sur le dos de la ménopause, et notamment la baisse de la libido, or ce n’est pas toujours le cas. Cela dépend aussi de ce qui nous entoure dans notre vie quotidienne, car la ménopause arrive au moment de notre « mi-temps de vie » (en règle générale).

Il y a aussi le regard de la société sur la femme ménopausée qu’il faut pouvoir digérer et assumer, parce que notre société ne la valorise pas, elle n’est pas représentée de manière “glowy” ou sexy, alors que toutes ces femmes sont dynamiques, charismatiques et magnifiques.

Mauvaise estime de soi, désamour de son image, des facteurs qui empêchent de booster sa libido à la ménopause

Le rapport au corps est fondamental, car si on doit entrer dans l’intimité sexuelle avec l’autre, il faut d’abord être à l’aise avec son intimité sexuelle personnelle. Il est important d’accepter, de regarder, de s’habituer à ce corps qui change au moment de la ménopause, et ce même avec une prise de poids éventuel. 

Pour moi, il est fondamental de regarder ce que ce corps a encore à offrir, car si on ne se focalise que sur ce que nous avons perdu, nous pouvons tomber dans le désamour de soi. Il sera alors difficile d’entrer dans l’intimité avec l’autre, car il nous sera impossible de se mettre à nu. 

Il faut savoir lâcher prise pour être dans le plaisir et le désir, or, on ne peut lâcher prise que si on accepte ce corps que la nature nous a donné. Certes, notre corps évolue, il est différent, mais il est tout aussi joli.

Le rapport au corps ainsi que le rapport au couple sont essentiels, car ce sont ces deux relations qui permettent d’aller dans la séduction, puis dans l’intimité sexuelle, et enfin dans le plaisir.

Consulter un/e sexologue afin de booster sa libido à la ménopause, une bonne idée

Je reçois souvent des personnes avec principalement deux problématiques, l’une concerne la baisse de désir à la ménopause, et l’autre concerne les douleurs lors des relations sexuelles, principalement dues à la sécheresse vaginale. 

Je reçois également beaucoup de couples, où c’est l’homme qui est à l’initiative du rendez-vous, car la fréquence sexuelle ne leur convient pas. Cela crée de la culpabilité chez la femme qui ne répond pas toujours aux attentes, et ce en partie à cause des douleurs qu’elle subit.

Il est intéressant de recevoir les personnes en couple, car parfois, cela ne vient pas seulement de la femme, mais d’un dysfonctionnement chez l’homme, à cause de l’âge, et notamment d’un trouble érectile aggravant les problèmes de plaisir et de désir. Cela entraine une relation intime trop rapide.Or, il faut au contraire prendre plus de temps pour laisser monter l’envie, et que la femme puisse apprécier une relation agréable.

Parfois les femmes viennent me consulter seules, car elles n’arrivent pas à parler à leur conjoint des douleurs qu’elles éprouvent, elles préféreront alors éviter les relations sexuelles. D’autres demandent à leur partenaire de les accompagner afin de suivre une thérapie, et mettent en avant le besoin de leur présence pour les aider dans cette démarche.

Isabel kehr professeur de yoga pour la ménopause

Le protocole proposé

Il faut plusieurs séances pour que je puisse comprendre ce qui se passe au sein du couple aujourd’hui. Je dois aussi prendre en compte comment cela se passait avant la ménopause. En effet, la ménopause n’est pas systématiquement la cause du manque d’envie sexuelle, cela peut être aussi dû à un trouble dysfonctionnel. 

Ensuite, je vais pouvoir les accompagner, soit à résoudre les dysfonctions sexuelles fonctionnelles, soit à revoir leurs compétences sexuelles. En effet, avec l’arrivée de la ménopause, on se rend compte que ce qui fonctionnait bien dans l’intimité auparavant n’est plus le cas aujourd’hui. 

Le sexologue va leur apprendre à s’adapter et à évoluer. Lors des consultations, je vais les voir ensemble, et aussi séparément, afin que chacun puisse exprimer librement ce qu’il ressent, sans avoir peur de blesser l’autre. 

Une thérapie peut durer 3 à 6 mois à raison d’1 ou 2 rendez-vous par mois.

La consultation permet d’ouvrir la conversation autour de l’intimité sexuelle pour qu’elle se poursuive ensuite entre les partenaires de manière bienveillante. La consultation permet aussi de lever des tabous, d’apporter des connaissances, notamment au sujet de la ménopause, de comprendre ce qui se passe dans le corps de la femme. 

Aussi, la diminution des œstrogènes, progestérones et androgènes ont des conséquences physiologiques non-négligeables, comme l’amincissement des lèvres, un rétrécissement de l’urètre, un vagin moins souple, d’où l’importance de s’adapter afin que chacun y trouve confort et plaisir.

Isabel KEHR coach ménopause

Activité physique, yoga et libido

Le premier traitement pour lutter contre les symptômes de la ménopause de façon efficace est l’association d’une alimentation saine et équilibrée, à une activité physique. 

Toutes les pratiques corporelles et notamment le yoga, vont améliorer le rapport que nous avons avec notre corps, et ceci est encore plus vrai au moment de la ménopause. Le yoga est vivement conseillé, car c’est un outil puissant pour celles qui le pratiquent régulièrement.


Je conseille aussi de faire un bilan périnéal auprès d’un professionnel de santé, gynécologue ou sage-femme, pour évaluer la tonicité. En effet, celui-ci participe aux sensations que procurent les relations sexuelles, car il englobe et soutient tous les organes génitaux internes.

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La routine bien-être de Virginie

Je m’observe tous les matins, nue devant mon miroir, pour ne pas voir mon corps vieillir ! 

En effet, lorsqu’on regarde les photos de soi prise il y a 15, 10 ou même 5 ans, on se dit souvent “Waou j’ai pris un sacré coup de vieux”, donc se regarder chaque jour en se faisant des compliments et en mettant en avant ce que l’on aime dans son corps, permet de se valoriser sans se voir vieillir !

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Je remercie Virginie pour cet échange, qui j’espère, vous aura intéressé.

Ecouter Virginie sur le podcast Ménopause et Renaissance.

Isabel Kehr podacst

Et vous, trouvez-vous que c’est un sujet important et qu’il faut en parler davantage ?